Amis pour la vie

Jinx quitte le Québec pour aller rejoindre sa française d’amoureuse en son pays.

De fait, il avait préparé une exposition qui faisait office de 5 à 7 de départ. J’hésitais à y aller, ne sachant trop qui j’allais y croiser. Grand bien me fasse, je suis bien souvent plus obéissante à mes engagements qu’à mes peurs : j’y suis allée.

Dès mon arrivée, j’ai croisé mes amis d’adolescence. Mes premiers vrais amis. Pas de ceux avec qui l’on joue par force d’être voisins ou de descendance de parents-amis… Non! Les premiers vrais amis, ceux que l’on choisit. Ceux avec qui l’on découvre la liberté, avec qui l’on fait ses premières expériences et qui font leurs premières avec nous, ceux qui, malgré eux, façonnent un peu l’adulte que nous deviendrons.

Max l’homme d’affaire, Boud le bout-en-train, Chris le sensible et Jinx l’artiste -appelés «Les yos»- étaient ces amis. Une équipée masculine qui n’a accepté qu’une fille dans la troupe pendant des années. Ils me trimballaient partout, j’étais toujours la bienvenue, j’étais des leurs. Nous ne  faisions pourtant rien d’extravagant : comme tous les jeunes ados, nous «bummions» au dépanneur, nous  regardions des vidéo, écoutions de la musique et discutions de la vie, sans réellement penser plus loin que le bout de notre nez. Nous étions de toutes les fêtes, nous parlions des heures au téléphone, nous étions amis.

Nombriliste, j’avais l’impression qu’ils étaient à eux seuls l’univers tout entier. Ils étaient pour moi, Lalionne écorchée, source de bonheur quotidien. Ils ont longtemps revêtu l’image de l’amour : attentionnés, drôles, authentiques, loyaux, fidèles. (Qualités que j’ai d’ailleurs retrouvées chez Monlion!)

Ils ont également été l’idée que j’avais de l’amitié : quatre types qui se respectent et s’entraident. Quatre  types et une fille, qu’ils respectent tout autant et la valorisent. Ils m’acceptaient telle que j’étais. (Du coup, il va sans dire que lorsque j’ai croisé mes premiers amis de sexe féminin, j’en ai pris un coup!)

Un lien secret et unique nous unit toujours à ce genre d’amis, que nous les croisions tous les jours ou une fois aux 5 ans. Du moins, c’est ce que j’ai pensé en arrivant à l’exposition.

Sans «Quoi de neuf?» ou autre parole d’usage, nous avons repris nos discussions à bâtons rompus et sommes allés bummer au dépanneur. Comme toujours, ils se sont préoccupés de mon petit bien-être, de mon petit bonheur : «Dis, Lalionne, attends! Je ne voudrais pas que tu te fasses frapper en traversant la rue!», «Tu veux que je t’apporte un verre?», «Tonlion, j’espère qu’il est gentil avec toi, sinon…» Comme il y a 17 ans, ils m’ont acceptée d’emblée dans la troupe.

La fougue de l’adolescence aidant, nous avions juré nos grands dieux que nous serions amis pour la vie. Je pense que c’était vrai…

3 réflexions au sujet de “Amis pour la vie”

  1. S’il vous plaît. Apprenez à un vieux français qui n’a pas beaucoup voyagé à « bummer au dépanneur » ! Ça semble sympathique mais qu’est-ce que cela cache ?

  2. Vieil ami français,
    Enfourchez votre bécane, il fait beau, le soleil cuira nos bras sur la route. Surtout, n’oubliez pas votre monnaie parentale allouée pour quelque corvée nécessaire!

    Pénétrons ensemble dans le dépanneur,ding la clochette, et observons les étals de bonbons.

    Pour notre menu pécule, combien pouvons-nous acheter de ces tentants bonbons? Et si, au lieu d’y aller en quantité, nous y allions pour la qualité? Un gigantesque sac de croustilles à deux?

    Qu’en pense le caissier, déjà exaspéré?

    Mais, c’est que oh! vous avez vu le chocolat?

    Et maintenant, le caissier, il en pense quoi?

    Du chocolat, et de la boisson gazeuse, question de faire un bon mélange…

    Sortez votre monnaie, je sors la mienne. Avons-nous suffisamment? Caissier???

    Ding, sortons. Il est si gentil, ce caissier, de nous avoir avancé les deux sous manquants!

    Maintenant, asseyons-nous sur le trottoir pour déguster notre festin. Que c’est bon! Dites, vous en avez sur le coin des lèvres, oui, là, encore à droite, voilà.

    Cette boisson gazeuse m’a donné envie…

    Ding, caissier, je peux avoir la clé des toilettes, ding, cliquetis, ah ça fait du bien, oh! des sous oubliés dans ma poche arrière viennent de rouler sur le plancher, venez Papistache nous pouvons acheter d’autres bonbons, ding, voici la clé, combien pouvons-nous acheter de bonbons avec ces sous?

    Ding, sortons à nouveau, il est con le caissier d’avoir oublié que nous n’avions pas assez de monnaie plus tôt, asseyons-nous, mmm ils sont bons!

    Oh, mais que voilà les petits voisins qui arrivent, je ne les aime pas et vous? Bah, ils nous offrent de partager des croustilles, asseyons-nous.

    Ding, ils entrent, ding, ils sortent, asseyez-vous mes amis, vous voulez partager notre boisson gazeuse? 4 sur un goulot, ding, à votre tour les toilettes, ding, merci pour la clé!

    Quoi, il fait déjà noir? À quelle heure vos parents vous avaient-ils dit de rentrer? Encore cinq minutes, allez, ils ne vous puniront pas pour cinq petites et minuscules minutes! (Vous n’avez qu’à retarder votre montre de 5 minutes, pauvre de vous!)

    Allez, à demain! (N’oubliez pas de fouiller dans le sofa pour la monnaie paternelle!)

  3. Promis, si je traverse un jour l’Océan Atlantique j’irai bummeur au premier dépanneur dont la clochette promettra un joli « ding ».
    Avec un peu de chance — le Canada , ce n’est pas si grand que ça ? — je vous y croiserai.

    PS : Les croustilles ? C’est salé et c’est fait avec des pommes de terre ?

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